Les Malheurs d’Adrien
Témoin des ébats entre son amante et le lubrique régent du royaume de France, Adrien, chevalier de Breytschtein, décide de se venger.
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Une seule personne pouvait se permettre d’être hardi là où les autres étaient timides : Philippe d’Orléans !
Colette prenait du plaisir sous ses caresses, et cela se voyait sur son visage : quand ses yeux se fermaient, sa bouche s’entrouvrait. Ses balancements devenaient sensuels et ses gestes évocateurs.
Tout cela fut l’affaire de quelques minutes. Colette, soit réellement embarrassée de s’être oubliée, soit rappelée à des élans de pudeur, s’était ressaisie et avait rejoint Adrien.
Assise près de lui, son silence accusait un gros sentiment de gêne mêlé à une envie de pousser plus loin l’expérience.
Adrien ne pouvait se permettre de louvoyer dans ce tourbillon. Il était encore temps pour lui d’opposer son refus, mais si le choix de la raison lui était impossible, la vision de son amante aux prises avec le duc lui était insupportable. Ne pouvant souffrir de la voir s’abandonner à lui, Adrien prit le parti de demeurer sur place, tandis qu’elle rejoignait le duc dans une des pièces, à l’abri des regards.
En son absence, une seule pensée l’occupa : qu’est-ce que cet homme pouvait bien être en train de lui faire ? Ce fut alors pour lui le début de longues tracasseries ; des pérégrinations de l’esprit où se mêlaient tour à tour le caractère irréversible de l’acte en cours et l’immense excitation dont il ne pouvait se soustraire.
Il les imaginait dans la sombre pièce, elle acculée contre le mur, lui agenouillé, la tête enfouie à l’intérieur de sa jupe, explorant les moindres parcelles de son intimité. Le duc se délectait de ses épanchements, s’enivrait de sa douce exhalaison, savourait le contact de sa langue sur cette chair imberbe.
Les soupirs de Colette s’accentuaient au rythme des accélérations de son partenaire.
La voilà maintenant, qui, vorace, suçait avidement. Attentive de surcroît au plaisir qu’elle donnait, elle fixait, caressait, malaxait, léchait, multipliait les passages de ses lèvres, si bien que le sexe du duc disparut tout entier au fond de sa gorge, pour ressortir couvert d’une salive épaisse et brillante.
Pour mieux se repaître de Colette, ce dernier l’avait couchée sur le lit, puis avait repoussé son jupon. Les cuisses écartées, elle lui offrait une vue imprenable sur sa fente moite. Le membre durci du duc fut englouti dans cet envoûtant maelström. Il la culbutait sans retenue, manquait à toutes les formes de respect dues à Adrien. De telles libertés étaient sans doute dues aux râles mélodieux de Colette, qui ponctuait de notes aiguës chaque coup de boutoir.
Image insultante que cet échalas étreignant son amante par l’arrière. Un rythme semblable à celui dont, lui-même, l’avait habituée. Cette fois pourtant, elle prenait plus de plaisir. A quoi était donc dû ce mystère qui décidait lequel de deux sexes pourvus des mêmes mensurations, de deux êtres aux gestes similaires, devait décupler les sensations chez une femme ? Certainement à l’esprit torturé d’Adrien.
Il souffrait et se satisfaisait dans son complexe d’infériorité. Quand l’excitation eut atteint son paroxysme et qu’il eut répandu son sperme sur le tapis, son désir se transforma en tourment. Et comme pour se rassurer, il se mit à imaginer que Colette montrait des réticences aux demandes du duc.
Pour ce qui s’était déroulé en sa présence, l’improbable scène d’attouchement qui s’était rappelée à son souvenir, le silence gêné de Colette qui en disait long sur ses intentions, il n’était plus possible de nier l’évidence. Sans doute qu’elle s’était donnée, pauvre ingénue, mais que toute son excitation était retombée devant le manque de vigueur du duc.
C’est sur cet enchaînement de dénégation qu’il se mit à attendre le retour de Colette. Peu après, il la vit émerger de l’obscurité, seule et mélancolique.